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07/06/2012

La citation du jour

François de La Rochefoucauld

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L'humilité n'est souvent qu'une feinte soumission, dont on se sert pour soumettre les autres. C'est un artifice de l'orgueil qui s'abaisse pour s'élever et, bien qu'il se transforme en mille manières, il n'est jamais mieux déguisé et plus capable de tromper que lorsqu'il se cache sous la figure de l'humilité.

François de La Rochefoucauld, Maximes et reflexions diverses (coll. GF/Flammarion, 1977)

06:28 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

24/04/2012

La citation du jour

Louis Aragon

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La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces.

Louis Aragon, Les voyageurs de l'impériale (coll. Folio/Gallimard, 1972)

22:09 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone, Louis Aragon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

27/03/2012

La citation du jour

Georges Perros 

citations; livres

Je ne suis ni de droite ni de gauche. Je suis dans la merde. Ca ne porte pas toujours bonheur.

Georges Perros, Papiers collés III (Gallimard, 1978)

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11/03/2012

La citation du jour

René Char

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Malgré la fenêtre ouverte dans la chambre au long congé, l'arôme de la rose reste lié au souffle qui fut là. Nous sommes une fois encore sans expérience antérieure, nouveaux venus, épris. La rose! Le champs de ses allées éventerait même la hardiesse de la mort. Nulle grille qui s'oppose. Le désir resurgit mal de nos fronts évaporés. Celui qui marche sur la terre des pluies n'a rien à redouter de l'épine, dans les lieux finis ou hostiles. Mais s'il s'arrête et se recueille, malheur à lui! Blessé au vif, il vole en cendres, archer repris par la beauté.

René Char, Le front de la rose - La parole en archipel (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1983)

 

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02/01/2012

La citation du jour

Alexandre Vialatte

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Les paroles s'envolent, les écrits restent. Où passent-ils? C'est le secret du mois de janvier... Dès le départ des hirondelles, tant de livres affluent de toutes parts chez les critiques, par le train, le bateau ou l'avion. Ils s'y constituent en piles simples, puis en piles doubles, ensuite en murs, ensuite en cubes, enfin en troncs de pyramides. Ils s'y chevauchent, s'y enjambent et s'y soudent. Souvent aussi, ils se détachent: un bruit mat réveille le critique, c'est le livre qui vient de tomber. Ces chutes finissent par combler les passages entre les cubes et les tours. Il faut déblayer à la pelle comme dans un village où la neige bouche les rues, creuser des tranchées pour le trafic. Le critique y circule, grippé, cherchant le talent comme une aiguille dans le foin, une tisane à la main, une bougie dans l'autre (ou alors une torche électrique), pour relever des titres au passage en se retenant d'éternuer. Ici, le futur Goncourt gémit sous une colonne de deux mêtres de haut; là, le futur Femina sort la tête d'un grand cube où il va périr emmuré: l'Interallié appelle du haut d'une pyramide; le Renaudot étouffe entre deux romans-fleuves; un coup de talon involontaire écrase un prochain lauréat. C'est affreux. Moins que l'éternuement. L'éternuement déclenche des avalanches. Tout ce qui était en haut tombe au sol... Il y aurait un remède, si le livre était plus lourd. On en ferait des colonnes plus stables, des pilastres plus pompéiens, des cathédrales plus byzantines. On en tirerait de petits cloîtres gothiques, propices à la méditation, où le critique se promènerait à l'aise, en rond, et soutenu par les Muses.

Alexandre Vialatte, Almanach des quatre saisons (Julliard, 1981)

image: http://www.canstockphoto.fr

07:52 Écrit par Claude Amstutz dans Alexandre Vialatte, La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

30/12/2011

La citation du jour

Jean-Michel Maulpoix

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Deuil blanc de la neige. La terre est veuve du ciel. Voilà enfin visible cela que nous ne pouvons toucher des mains: ce froid entre nos paumes; de l'espace et du temps tombé. Mourir délivre sa peau blanche et sous nos yeux se fait douceur; mourir à ce moment pour l'âme comme pour l'oeil n'est plus idée de pourriture mais une farine légère, ou la poudre de sucre d'une enfance retrouvée, un linge où s'endormir, une rêverie de fourrure et de traîneaux, plus rien de sombre ni de menaçant: la disparition très douce des débris, des brisures et des voix.

Jean-Michel Maulpoix, Pas sur la neige (Mercure de France, 2004)

00:27 Écrit par Claude Amstutz dans Jean-Michel Maulpoix, La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

04/12/2011

La citation du jour

Alexandre Vialatte

citations; livres

On croit au Père Noël, pas à dix Père Noël, pas à cinquante, pas à un syndicat. On a tort de commercialiser; le commerce tue la foi et la poule aux oeufs d'or. Le Noël, la fête des mamans, le jour des pères, entre une journée de détergent et une journée de rasoir à lame bleue. On ne sait plus ce qu'ont été les choses. Elles ne sont plus. La Noël se vend deux mois d'avance. Il faut relire Pourrat pour la retrouver. On ne sait plus ce que purent être une pomme, une rose, une bague, voire un âne, un pâté. C'étaient des trésors spirituels. Ils brillent dans l'ombre du vieux temps, désirs du coeur, désirs de l'âme, hautes récompenses de longues vertus, plaisirs profonds et presque abstraits. On ne sait plus ce que furent la polaire, les Trois Rois, l'étoile du Bouvier. Ni cette tranquillité de la neige de minuit, qui fut une sérénité de l'âme. Ni cette grande nuit d'astres et d'anges qui prit une odeur de jardin quand passa l'étoile du berger. Nous avions tous au fond du coeur je ne sais quel arbre de Noël que les marchands ont mis en vente. Tant pis pour lui, tant pis pour nous, tant pis pour eux. Tout ne se reboise pas.

Alexandre Vialatte, Vialatte à La Montagne (Julliard, 2011)

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14/11/2011

La citation du jour

Jean-Louis Kuffer 

citations; livres

Pluie au chalet, combien aimée, comme autrefois avec les miens, je ne sais où, probablement à Grindelwald, dont je me rappelle le souffle glacé des glaciers et l'herbe des prairies entourant le chalet, ou des années auparavant dans la ferme plus frustre de Montricher où nous vivions dans la hantise d'être attaqués par le vagabond Gavillet, ou plus tard dans la haute maison de pierre de Scajano, au Tessin, où j'aimais voir les eaux ruisseler le long des vignes, avant que le soleil ne sèche tout en un clin d'oeil.

Jean-Louis Kuffer, L'Ambassade du Papillon - Carnets 1993/1999 (Bernard Campiche, 2000)

image: Grindelwald (2010)

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09/10/2011

La citation du jour

Paul Valéry 

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Souffrance. Je n'ai pas un coin pour être seul, pas une chambre personnelle, ni une heure pure de bruit, légère de soucis, sans limite pensée, sans l'idée qui déjà présentement la termine. J'envie le prisonnier d'une cellule qui le préserve et qui dans elle est propriétaire du temps, de la solitude et de la continuité. Pas de silence, de suite, de profondeur sans argent. Pas de noblesse, sans paix et séparation.

Paul Valéry, Les Cahiers (coll. Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2010)

23:58 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone, Paul Valéry | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

29/09/2011

La citation du jour

Iouri Dombrovski

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Une porte de fer, basse et étroite, le mit à la rue. Une rue parfaitement déserte. Mais tout un côté en était occupé par la Grande Maison; des centaines de fenêtres, des rideaux aux fenêtres, et beaucoup de gens derrière les rideaux. Il s'engagea dans une allée de silence et de fraîcheur; parfumée aux aiguilles de pin et au sable surchauffé. Sur les terrains de jeux, le vent balançait des chevaux de bois, dragons aux formes tortillées, pommelés de rouge et de noir. Quelqu'un ronflait sous la tonnelle. O monde de douceur et de paix... Il trouva un banc à l'écart, s'assit, s'appuya au dossier et sentit comme des myriades de moustiques vrombir dans sa tête. Il ne me manquerait plus que de tomber malade! pensa-t-il, et il se perçut soudain mortellement las, pour la vie, peut-être.

Iouri Dombrovski, La faculté de l'inutile (Albin Michel, 1979)

00:32 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |